Le 19 décembre, le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé sa décision de retirer quelque 2 000 militaires américains de Syrie.
Dans une interview accordée au site iranien d’information et d’analyse Khabar Online, Mahdi Motahar-Nia, expert des questions internationales, décrit ses points de vue concernant l’annonce par le président américain du retrait des forces US de Syrie.
– Le président Trump annonce non seulement le retrait prochain de ses militaires de Syrie, mais aussi un retrait partiel des soldats américains d’Afghanistan. Quel message à retenir de la situation actuelle ?
Motahar-Nia : Il me semble que le premier but du président Trump est de créer dans la région une sorte de désordre et de chaos, bref un vide après le départ des militaires américains. Il ne faut pas oublier que la présence des militaires américains a toujours été l’une des sources principales d’événements désagréables en Syrie.
En outre, après les négociations très sérieuses qui ont eu lieu entre la Russie et les États-Unis au sujet de la présence de l’Iran en Syrie, Washington a offert au régime israélien la possibilité de réaliser d’importantes manœuvres diplomatiques et médiatiques dans le cadre de sa politique d’iranophobie. Maintenant, en annonçant le retrait de ses forces militaires de Syrie, Donald Trump veut faire passer un message clair : bientôt, les extrémistes et les takfiristes pourront replonger la région dans le chaos.
La politique de Trump ne s’arrêtera pas là. Dans la zone maritime très sensible du golfe Persique, il émet de nouveaux signaux en y expédiant un porte-avions après une période assez longue d’absence de porte-avions américains dans cette zone. Ce porte-avions et les navires qui l’accompagnent s’ajoutent aux navires de la 5e flotte de la marine américaine basée à Bahreïn.
Dans le même temps, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, annonce sa démission anticipée au lendemain de l’annonce par Trump du retrait de Syrie. De quoi est-il inquiet ? Veut-il seulement protester contre cette décision de Donald Trump ? A-t-il peur qu’une nouvelle guerre ne se déclenche prochainement dans un autre point du Moyen-Orient ?
– Pouvons-nous comparer le retrait de Syrie à l’action de Barack Obama en 2009, lorsqu’il avait annoncé le retrait d’Irak ?
Motahar-Nia : Il est difficile d’établir cette comparaison si nous prenons en compte les détails. Mais dans l’ensemble, il semble que les décisions des deux présidents des États-Unis aient la même finalité. En 2009, quand les États-Unis ont annoncé leur retrait graduel d’Irak jusqu’en 2011, la plupart des acteurs et des observateurs régionaux et internationaux ont estimé qu’Obama allait se retirer d’un véritable bourbier. Mais après 2011, c’est l’ancien Premier ministre irakien Nouri al-Maliki qui a demandé le retour des militaires américains, d’abord pour former l’armée irakienne, puis pour soutenir la lutte contre Daech à partir de 2014. Cette demande a été appuyée aussi par les dirigeants de plusieurs autres États arabes de la région. Pour certains analystes, cette fois-ci, il n’était plus facile de dire que les Américains étaient une force d’occupation en Irak et que leur présence militaire était illégitime ou illégale.
Maintenant, Donald Trump semble vouloir arriver au même but. Après un retour similaire, il essaiera de légitimer la présence et l’action militaires des États-Unis par le soutien de ceux qui le critiquent sévèrement aujourd’hui. Dans ce cadre, la Turquie pourrait peut-être rendre un très grand service aux Américains.
– Dans un tweet, Trump a prétendu avoir vaincu Daech et qu’après le retrait des Américains, ce sera le tour de l’Iran et de la Russie de se battre contre l’organisation terroriste. Comment évaluez-vous cette déclaration du président américain ?
Motahar-Nia : Trump veut quitter provisoirement la scène et augmenter les frais des autres acteurs qui restent impliqués dans le combat antiterroriste.